A la recherche d'un refuge parfait : la SPA de Besançon
J'ai visité la SPA de Besançon ...
A vrai dire, je ne l'ai pas seulement visité, j'y suis restée une semaine.
Tout a commencé sur Internet lorsque je découvris une vidéo avec de nombreux chiens partageant un repas en bonne entente. Ce fut la première fois que j'entendis parler du refuge de Besançon.
J'ai ensuite longuement parcouru leur site internet pour en apprendre davantage.
Leur fonctionnement m'a semblé très pertinant, et proche de ma vision d'un refuge soucieux du bien-être animal.
Ayant encore de nombreuses questions sans réponse, je demandai à Vincent Pfeiffer, le directeur, s'il accepte de répondre à mes questions par mail.
Ses réponses furent à la fois très complètes, franches et très instructives.
Puis mon attirance pour ce lieu étant de plus en plus vive, j'ai appelé Vincent pour lui demander s'il était possible d'y faire une semaine de stage.
Comportementaliste avant directeur …
Vincent Pfeiffer, comportementaliste depuis 2005, est le directeur actuel de la SPA de Besançon. C'est grâce à lui si le refuge tourne de cette façon aujourd'hui. Avant son arrivée, il y a environ huit ans, les chiens étaient en box comme dans n'importe quel refuge.
Il a annoncé à tout le monde que les choses allaient changer (et comment !). Le travail fut titanesque pour débroussailler, nettoyer, modifier le refuge et le rendre plus performant.
Veni, vidi, vici …
Le respect des besoins de l'espèce canine …
Pour Vincent, il est clair que laisser un chien enfermé dans un box toute la journée, ce n’est pas ce qu'il y a de plus fun ... Quid du bien-être animal ? Non seulement tous leurs besoins ne sont pas respectés mais ce mode de vie peut créer beaucoup de problèmes au niveau psychologique et comportemental.
C'est pourquoi, les chiens du refuge de Besançon sont toute la journée en parcs. Les box ne sont utilisés que pour y passer la nuit. Le matin, la quasi totalité des chiens se promène ensemble dans tout le refuge, et l'après-midi ils restent en petits groupes dans des parcs.
Très peu de règles sont imposées aux chiens qui ont le droit de faire à peu près tout ce que bon leur semble : courir, jouer, sauter, aboyer, creuser, chasser, grogner, jongler, jouer au poker, ...
Seules interdictions : se battre avec un congénère (en dehors du jeu) et passer une porte sans y être invité.
La communication entre congénères a une place fondamentale : c'est d'abord à eux de régler leur conflit, tant qu'ils n'en viennent pas « aux mains ».
Une organisation optimale …
Au refuge, on ne plaisante pas avec l'organisation ! Si vous croisez une paire de gant suspendue au mur, elle sera tatouée de son lieu de résidence : « Chatterie ». Interdiction pour elle de vadrouiller !
Les outils et les produits ménagers sont soigneusement rangés, les médicaments sont stockés et triés, les promenades sont notées dans un tableau toute la semaine, les carnets de santé sont étiquetés avec la date du prochain rappel de vaccin, les matériaux, dons et réserves, sont placés à l'abri par type de produit, et ainsi de suite.
Sans parler de l'administration : fiche d'adoption, fiche de bénévolat, etc. Pas de place pour le désordre, pas un seul déchet à terre, pas d'objet en divagation !
Une hygiène irréprochable …
Un autre point qui est pris très au sérieux est la gestion des diverses infections au sein de la structure. Ceux qui connaissent bien les refuges savent que les maladies sont un fléau bien plus présent qu'on ne le pense.
Pour éviter au maximum les risques sanitaires, les structures sont conçues et entretenues avec des protocoles stricts.
L'usage de désinfectant, l'aération et le nettoyage minutieux des locaux sont quotidiens.
La chatonnerie se trouve en plein air, avec une niche chauffée pour ne pas avoir froid. Les cas de coryza y sont donc rarissimes !
En effet, le refuge est sûr d'une chose : en intérieur les micro-organismes sont bichonnés, en extérieur, ils luttent pour leur survie.
Autant dire qu'il ne les bichonne pas ! (l’utilisation du lance–flamme pour la désinfection sèche est radicale ! )
Aucun risque n'est pris quant à une éventuelle contamination : un animal malade est isolé et soigné dans la mesure du possible.
Des adoptants triés sur le volet …
Sans aller jusqu'à parler d'une « élite des adoptants », il vous faudra un minimum de détermination pour emmener votre compagnon chez vous !
Accueillir un animal pour plusieurs années et acheter un kilo de pommes sur le marché n'est pas la même démarche … si vous ne le saviez pas, ils vont s'assurer de vous le faire comprendre.
Si tout le monde peut acheter un kilo de pomme, tout le monde ne peut pas accueillir un animal (selon le mode de vie, le temps consacré, les compétences, …).
Pour commencer, vous n'adoptez pas à votre première visite. La première rencontre permet de découvrir le refuge, voir les animaux, discuter avec le personnel et remplir une fiche de renseignement. C'est seulement au bout de la deuxième visite qu'un animal pourra vous être confié, à condition que vous soyez compatible.
Oubliez le speed dating …
Mais je vous rassure, ils vous épargnent le CV et la lettre de motivation … à l’écrit.
To conclude
Ma semaine passée sur place fut très enrichissante. Vous imaginez bien que si je prends la peine de faire un bilan de cette expérience, c'est bien parce que j'ai adoré ce que j'ai découvert.
Les refuges que je connais dans ma région sont tous basés sur le même principe : des box, partout, et des sorties, très rares.
A quoi bon, sortir un chien de la misère si on a pas mieux à lui offrir ?
Au mieux, on me répondra : «C'est provisoire ! Le temps pour eux de rejoindre une famille et une vie heureuse. »
Mais des chiens « provisoires », j'en connais des centaines. Et malheureusement, certains y sont morts sans avoir connu cette fameuse vie heureuse.
Pourquoi le provisoire ne pourrait pas être aussi bien (voire mieux) que le but final ?
Au pire, on me répondra que les chiens ne sont pas si malheureux.
Ils sont logés nourris, blanchis, … pas de gosse à élever, pas de facture à payer … la belle vie !
Ces ingrats voudraient une vie sociale, une activité physique quotidienne, des occupations ?
Pour en revenir à la SPA de Besançon, il y a évidemment des avis que je ne partage pas avec Vincent Pfeiffer et c'est aussi pour cela que ce fut une rencontre intéressante.
Est-ce un refuge parfait ? Sans doute que non !
Est-ce un refuge exemplaire ? Bien sûr que oui !
Participer à leurs activités pendant une semaine, ce fut une bouffée d'oxygène.
Je suis certaine que ce type de fonctionnement est ce qu'il y a de mieux pour un refuge.
A condition pour les associations de se remettre en question !
Merci à Vincent et toute l'équipe de m'avoir si bien accueilli (ainsi que Voyou).